
Les comportements attribués aux différentes races de chien sont nombreux, divers et variés, et surtout particulièrement trompeurs tant ils sont opposés à ce que peut être un chien, de race ou non. Cela s'explique simplement par le fait que la notion de race n'a pas de réalité scientifique.
Comportement des races de chien : définitions
Qu'est-ce qu'une race ?
La notion de race, au sens large, est spécifique à l'animal domestique, distinguée à des fins d'élevage et de sélection :
- Elle repose principalement sur des critères subjectifs et pratiques (désignation commerciale).
- Elle a pour but de produire et désigner des sujets ayant des caractéristiques plus particulièrement adaptées à un but d'utilisation (production de lait, type de laine, potentiel de viande, etc.).
- Toutefois, les variations réelles entre une race et une autre sont si faibles sur le plan génétique et biologique qu'elles ne permettent pas une véritable distinction au sein d'une espèce, ni même d'en faire une sous-espèce.
Espèce et sous-espèce
De nombreuses découvertes remettent en cause ces appellations (régies par la taxinomie) d'espèce ou sous-espèce au profit de clades (branches) qui représentent mieux la phylogenèse (histoire évolutive) d'une espèce. Ces termes restent toutefois utiles pour distinguer des groupes d'individus :
- Ainsi, le chien peut être considéré comme une espèce à part entière, même s'il partage un ancêtre commun avec les loups (voir origine du chien).
- Il a eu sa propre évolution en se divisant naturellement en 4 branches qui peuvent être alors dénommées sous-espèces du chien (européen) car elles caractérisent une adaptation de groupes d'individus à des environnements différents (plaine, forêt, montagne, autres prédateurs, etc.) :
- Canis familiaris Leineri (lévriers) ;
- Canis familiaris Matris Optimae (races bergères) ;
- Canis familiaris Intermedius (épagneuls, griffons et spitz) ;
- Canis familiaris Inostransewi (molosses, dogues, bouviers).
Ce n'est qu'à partir de ces 4 branches qu'a pu être créé ce que nous appelons maintenant « races », sous l'effet de la domestication. Le but était bien sûr une utilisation spécifique (chasse, garde, guerre, traque, etc.) en favorisant le développement d'aptitudes plus particulières (flair, puissance de la mâchoire, agilité, endurance, vitesse, pattes palmées, etc.). Ces races ne seront codifiées qu'à partir de 1855 en France (dans le Livre des Origines Français), sur la base de standards morphologiques uniquement. Depuis, de très nombreuses races ont été créées sans pour autant répondre à des besoins utilitaires (sauf peut-être le pitbull, créé pour combattre des taureaux ou des ours dans des arènes de Grande-Bretagne au XIXe siècle).
À partir de ces considérations, la notion de race ne peut être prise en compte qu'au niveau morphologique, et parfois à celui des aptitudes (dans le sens de potentiel), ce qui ne veut en aucun cas dire au niveau comportemental.
Race de chien et comportement
Dans ce cadre, qui est récent, chaque race aurait des caractéristiques comportementales : gentil avec les enfants, fidèle, loyal, dominateur, têtu, possessif, obéissant, fugueur, courageux, intelligent, affectueux, etc. Certaines races seraient les chiens d'un seul maître, d'autres nécessiteraient de la fermeté, d'autres encore ne pourraient pas vivre sans travailler ou rester seuls. À cela l'on peut répondre que :
- Ces qualificatifs liés à un comportement sont purement anthropomorphiques (caractéristiques humaines). Ils ne peuvent nullement représenter des comportements de chien et encore moins être communs à un groupe morphologique (race).
- De plus, même au niveau des aptitudes, dans une race, les disparités sont très nombreuses.
Test d'Aptitude Naturelle au Troupeau
On sait que la confirmation LOF, pour être chien de race, nécessite parfois un test d'aptitude comme le TANT (Test d'Aptitude Naturelle au Troupeau). C'est le cas du border collie. Un border, comme tout autre chien de race ou non, naît avant tout chien, pas bête de somme ou outil de travail. Ainsi, pour avoir un chien qui saura réagir en toutes circonstances face au troupeau, qu'il soit caniche, berger allemand, schnauzer, lévrier ou bullmastiff, rien de tel que la méthode des vieux bergers :
- Placez le chiot dès l'âge de 2/3 mois, au moins la nuit, au milieu d'un groupe d'agnelles calmes (pour éviter qu'elles ne le blessent).
- Procédez ainsi jusqu'à l'âge de 6/7 mois ou plus si vous le pouvez.
- Vous êtes alors certain qu'il réussira le TANT. Pourtant, il n'y a rien d'inné, c'est l'un des principes de la socialisation. Par contre, qu'il soit un bon chien de conduite de troupeau dépendra uniquement de votre capacité à le dresser par la suite. C'est la même chose pour le border collie, souvent utilisé comme chien de troupeau, qui deviendra un bon chien de berger s'il est placé dans ces conditions et pour lequel la notion de comportement soit disant inné tombe d'elle-même.
Aucun gène ne peut contenir d'instructions détaillées pour des aspects particuliers du comportement. C'est un principe invariable de la génétique.
Valeur du comportement chez les races
Sur plus de 6 millions de chiens en France, à peine 1 million est de race, avec près de 400 races différentes. Ainsi, de quels comportements peuvent être crédités des chiens boxer croisés labrador en sachant qu'ils possèdent une part égale de patrimoine génétique du père et de la mère (50/50) ? Ont-ils tous les défauts ou toutes les qualités des deux ? Ou peut-être une distribution aléatoire d'un peu de défauts et de qualités de chaque ? C'est exactement ça : une distribution aléatoire, comme chez ceux de race. Et ce qui favorisera un comportement plutôt qu'un autre ne pourra être que l'environnement dans lequel un chien vivra (ontogenèse), juste après les conditions d'élevage.
Bon à savoir : le LOF ne fournit qu'un arbre généalogique, en aucun cas une assurance de descendance elle-même LOF (confirmation), ni qu'un chien LOF sera forcément apte au travail auquel il serait destiné.
La race ne pouvant pas être un gage d'aptitude, elle ne peut pas plus être un gage ou une cause de comportements types.
La notion de lignée
Concomitante à la notion de race, il y a la notion de lignée, c’est-à-dire la transmission héréditaire, dont le LOF est le garant (arbre généalogique) :
- Que ce soit chez le cheval, les bovins ou les chiens, rien ne dit qu'un descendant d'une lignée de champions sera lui-même un champion. Il aura certes plus de chances d'avoir une transmission de caractéristiques morphologiques spécifiques, des aptitudes physiques liées à cette morphologie, mais encore une fois aucun comportement type.
- En revanche, au sein d'une race ou entre races, croiser les sujets les plus dociles ou calmes tendra à produire des sujets plus dociles et calmes (expérience de Dmitri Beliaïev). Mais cet argument ne tient pas si l'on sait que le chien le plus calme du monde peut être conditionné en moins d'1 mois à devenir le chien le plus agressif qui soit (même un chihuahua), alors que l'inverse (dans ce cas précis) sera très rarement possible.

La race a-t-elle une influence ?
En matière de race, on observe que cette notion conditionne souvent notre relation au chien du fait même de ces pseudo comportements raciaux : on va plus se méfier d'un berger allemand, prendre un cocker pour une peluche, et ainsi on va être plus autoritaire avec l'un et parfaitement laxiste avec l'autre. Par conséquent, il y a toutes les chances que ces chiens développent :
- des comportements attendus (prophétisés), car c'est notre relation à eux qui va tendre à les développer (ontogenèse) ;
- ou tout autant des comportements plus inattendus comme des agressions : ce sont les chiens prétendus les plus gentils qui causent le plus de morsures.
Attendre de caractéristiques morphologiques des caractéristiques comportementales est le plus sûr moyen de faire développer les pires caractéristiques au détriment des meilleures. Un chien est un chien, un pacifiste dans l'âme avec l'homme, qui n'a besoin que de l'exprimer. Il possède d'ailleurs une capacité d'apprentissage hors du commun.
Comportement et choix d'un chien de race
Si l'on voulait définir des critères de choix d'un chien de race, il faudrait avant tout en connaître les besoins et les aptitudes. Cela se situe avant tout au niveau des 4 branches naturelles, puis, au sein de chacune, sur le plan de la morphologie et de l'esthétisme qui convient à chacun. Il existe néanmoins quelques traits comportementaux caractéristiques liés à leur origine ou plus précisément, à des caractéristiques spécifiques à leur évolution (aptitudes).
Le choix
Choisir un chien de race ne peut se concevoir que via sa branche naturelle qui rend plus probable l'apparition de certains types de comportements. Mais rien ne dit génétiquement qu'ils seront présents, ni dans quelle proportion et intensité. Se laisser influencer par de pseudo comportements raciaux est la meilleure façon de les obtenir (les pires) ou d'obtenir tout le contraire (pires encore). Il semble logique qu'un molosse à la lourde charpente ait besoin de beaucoup de calme, qu'un lévrier de grands espaces à parcourir, qu'un chasseur de beaucoup d'exploration et qu'un berger de beaucoup d'interactions. Mais cela ne va pas plus loin.
Canis familiaris Leineri (lévriers)
Les lévriers sont des chiens qui nécessitent beaucoup d'activité. Ils sont taillés pour la course, le sprint, pas pour rester toute une journée enfermés ou exposés :
- C'est surtout au niveau de cette activité ou non activité qu'ils peuvent développer des comportements « spécifiques ».
- Avec un squelette assez fragile, c'est leur musculature qui fait toute la différence.
- Comme ils courent très vite et très loin, il est important de mettre en place :
- une socialisation initiale (à partir de 3/4 semaines) ;
- une très grande relation à l'homme (très ludique) afin de pouvoir le contrôler à distance (et non pas le dresser).
- Enfin, il ne faut pas oublier qu'un grand lévrier (lévrier irlandais, par exemple) peut être aussi redoutable comme chien de garde qu'un rottweiler.
Canis familiaris Matris Optimae (races bergères)
Les races bergères sont celles qui ont le plus d'aptitudes sociales, par essence, possédant la palette de comportements la plus riche et la plus diversifiée. Elles devraient alors avoir le plus d'autonomie possible pour exprimer cette richesse, alors que ce sont les races que l'on conditionne le plus. Pourtant ses qualités sont nombreuses :
- C'est probablement le type de chien le plus « mimétique » avec son maître, le plus capable de s'adapter à toutes les situations, le plus sensible aux émotions humaines.
- Les chiens de races bergères sont particulièrement observateurs, très attentifs et sensibles à la moindre variation de leur environnement, ce qui fait souvent dire, à tort, qu'ils sont craintifs (aboiement, morsures).
- Ce sont vraiment des chiens à réserver à des propriétaires très actifs (environnement riche et varié), ayant beaucoup de bienveillance, de patience et de disponibilité, ainsi qu'une autorité naturelle (charisme).
Canis familiaris Intermedius (épagneuls, griffons et spitz)
Avec un flair nettement plus développé que d'autres races, les épagneuls, griffons et spitz sont plus autonomes et autonomistes que beaucoup d'autres :
- Ils auront dès lors des tendances comportementales plus sauvages, principalement au niveau de la prédation (chasse) :
- Mais si celles-ci ne sont pas développées outre mesure, elles resteront à un niveau parfaitement gérable.
- Il conviendra toutefois de tenir compte de ce flair dans les apprentissages afin d'en tirer tous les bienfaits et non pas les méfaits (fugue).
- Certaines de ces races sont dites « d'arrêt ». C'est peut-être vrai chez certaines, mais pas pour tous les sujets. Beaucoup d'autres sujets d'autres races ont également ce comportement naturel, même des molosses.
Les gages d'une excellente cohabitation seront alors :
- une socialisation initiale en présence de plusieurs autres espèces ;
- des apprentissages ludiques utilisant leurs capacités olfactives (recherche de champignons ou d'objets cachés, par exemple) ;
- des promenades variées ;
- une bonne relation (confiante et ludique à la fois).
Canis familiaris Inostransewi (molosses, dogues, bouviers)
De par leur charpente osseuse très lourde, les molosses, dogues et bouviers sont des races plutôt placides qui ne dépensent pas leur énergie inutilement :
- De longs et répétitifs apprentissages leur sont pénibles et peu bénéfiques.
- Souvent qualifiés de « bébêtes » ou « Rantaplan », ce sont toutefois des chiens qui ne nécessitent que quelques consignes simples tant ils ont conscience de leur force et leur puissance.
- Ils présentent aussi une excellente relation avec l'homme (fiabilité).
- Ils sont généralement très protecteurs, ce qui ne va pas sans poser de problèmes. Ils tendent alors à vouloir s'interposer lors d'interactions viriles entre humains (même de joie), se porter au-devant du danger, voire calmer des enfants un peu trop turbulents. C'est là que la relation avec lui va prendre toute son importance.
On peut quand même dire qu'entre de bonnes mains, douces, fiables et responsables, ce sont les chiens les plus agréables et dociles qui soient.
Races plus spécifiques
Il existe des races disposant de caractéristiques anatomiques plus spécifiques, comme le terre-neuve qui a des pattes palmées. Tous les chiens savent nager par essence, mais un terre-neuve a plus de capacité que d'autres de le faire. Cependant, s'il ne va jamais à l'eau, il ne va jamais développer de troubles particuliers. Notamment, le risque, s'il ne va plus à l'eau, est que ses pattes palmées disparaissent (mutation génétique), mais cela dans quelques centaines voire milliers d'années.
Autres races
De 40 races à l'origine, nous sommes passés à presque 400. Nombre d'entre elles qui constituent la très grande majorité n'ont été créées que sur des critères esthétiques ou pratiques (chien de manchon, par exemple). Ce sont des croisements entre différentes races qui ont été fixés et identifiés au niveau du LOF. Ont-ils des comportements particuliers ? En tout état de cause, non. Simplement, il est vrai qu'un petit chien aura plus besoin de s'affirmer (aboiement, morsure) simplement parce qu'il est petit et que nous sommes des géants à côté de lui. Il s'agit alors d'une simple question de communication avec lui.