Comprendre le chien dans son rôle d'animal domestiqué par l'homme ou son comportement, par exemple, suscite de nombreux débats. Peut-être qu'en connaissant mieux l'origine et les ancêtres du chien, la relation de l'homme au chien en sera améliorée.
Origine et ancêtres du chien : descend-il du loup ?
Chien et loup : quelles relations ?
La fameuse interrogation « le chien descend-il du loup ? » a fait l'objet de débats passionnés pendant des siècles, opposant zoologues, naturalistes, biologistes et même philosophes. Ce n'est que fin 2013 qu'a été publiée une étude finlandaise sur l'ADN mitochondrial du chien, le classant définitivement comme une espèce à part entière :
- Cet ADN bien particulier, transmis par la mère uniquement, permet de tracer sur de très longues périodes les origines et filiation d'une population, animale comme humaine.
- Pour obtenir ce résultat, il a été comparé à l'ADN de loups et de chiens (actuels et fossiles).
Ainsi, le chien ne descend ni d'un loup actuel (loup gris), ni du père des loups, mais d'un grand-père commun : le loup européen, aujourd'hui disparu. Jusqu'à présent, l'interfécondité entre canidés, c’est-à-dire leur capacité à pouvoir se reproduire en donnant des sujets viables et non-stériles, avait contribué à faire du chien une sous-espèce du loup gris.
À noter : l'étude a été publiée dans la revue Science en novembre 2013 sous le titre Complete Mitochondrial Genomes of Ancient Canids Suggest a European Origin of Domestic Dogs.
L'interfécondité des canidés
L'interfécondité entre 2 espèces a longtemps été un critère majeur de définition d'une espèce. Ce n'est plus le cas depuis les progrès de l'analyse ADN, surtout concernant les canidés où l'interfécondité est particulièrement fréquente (entre le loup, le chacal, le coyote, le dingo et le chien, par exemple). Il ne s'agit donc pas d'une spécificité du loup gris et du chien. Cela est même plus courant qu'on le pensait. Le loup rouge en est un représentant emblématique : ni totalement loup, ni vraiment coyote, ni croisement loup-coyote. Par contre, c'est bien cette interfécondité qui a permis de créer tous les types de chien actuels.
Bon à savoir : le chien et le loup gris partagent jusqu'à 98 % de patrimoine génétique commun, l'homme et le chimpanzé Clint 99 %, l'homme et la femme seulement 96 % ; faisant de ce critère un élément à prendre avec la plus grande prudence.
Le chien européen
En l'état actuel des études, l'ancêtre commun du chien et des loups aurait donné naissance à plusieurs souches de chiens :
- une souche africaine ;
- une souche asiatique ;
- une souche européenne (peut-être d'autres également) qui s'est ensuite subdivisée en 4 branches, par adaptation à l'environnement :
- Canis familiaris Leineri (lévriers) ;
- Canis familiaris Matris Optimae (races bergères) ;
- Canis familiaris Intermedius (épagneuls, griffons et spitz) ;
- Canis familiaris Inostransewi (molosses, dogues, bouviers).
Il n'existe plus de représentants de ces branches originelles, mais c'est l'interfécondité entre elles qui a permis :
- l'immense diversité actuelle des types standardisés de chiens que nous connaissons ;
- le croisement entre ces types pour obtenir de nouveaux standards ou des types indéfinis.
Cependant, en Europe, il ne faut pas oublier que les chiens sont avant tout des animaux domestiques, ce qui les différencie encore plus des loups et autres canidés sauvages.
Domestication du chien
La domestication du chien remonte à très loin dans notre histoire. En effet, des ossements de chiens auprès de l'homme ont été datés de plus de 30 000 ans. Ce qu'a mis en évidence l'étude finlandaise, c'est que certains, comme le chien de Goyet (-31 700) ou de l'Altaï (-33 000 ans), n'ont pas laissé de descendance et n'ont ainsi qu'un lointain rapport avec nos chiens actuels. Ces derniers n'auraient été domestiqués qu'il y a seulement 12 à 15 000 ans. L'hypothèse suivante, la plus probable, a été dégagée :
- Ces branches naturelles de chiens auraient suivi les chasseurs-cueilleurs dans leurs migrations et auraient ainsi rencontré les membres d'autres branches avec lesquelles elles se seraient reproduites.
- Observant les nouveaux types de chien produits, ces chasseurs-cueilleurs auraient alors eu l'idée de privilégier des types adaptés à leurs différents besoins.
- Ce phénomène se serait amplifié au néolithique (-9 000 ans) avec des besoins plus spécifiques à l'environnement (plaine, forêt, montagne, etc.). C'est ainsi que seraient apparus les corniauds (littéralement « du coin »), c'est-à-dire des chiens adaptés aux besoins locaux, qui ont ensuite été adoptés en tant que standard de race (à partir de 1885 en France).
Cependant, pour expliquer la domestication du chien, ces éléments ne sont pas suffisants :
- Il a fallu également favoriser la reproduction des sujets les moins craintifs à l'homme, et uniquement eux.
- Cela a entraîné de nombreuses modifications au niveau du métabolisme (morphologiques, biologiques, comportementales) par rapport à l'animal sauvage. Or, chez le chien, ces changements sont plus flagrants que chez toute autre espèce domestique. En effet, le chien est le plus ancien animal (à l'échelle de plusieurs milliers d'années) à vivre aux côtés de l'homme.
Le chien, une espèce à part entière
Pour comprendre l'origine du chien, il faut donc en étudier les différences avec le loup plutôt que les points communs :
- D'une part ce sont bien 2 branches qui ont divergé en ayant chacune sa propre évolution.
- D'autre part, la domestication a profondément, plus que toute autre raison, modifié la nature même de cet animal. C'est ce que l'on constate déjà entre le loup captif (qui n'est pourtant pas un animal domestique) et le loup sauvage.
La référence à l'éthogramme du loup (catalogue des comportements d'une espèce) ne peut dès lors plus se justifier au niveau du chien et risque même de provoquer de regrettables erreurs d'interprétation. Le chien est bien un chien, un animal sans équivalent dans tout le règne animal.