Comportementaliste, vétérinaire-comportementaliste, éducateur-comportementaliste, qu'en est-il de ces disciplines souvent confondues et généralement mal connues ? Le comportementaliste canin correspond à un type de profession spécifique qui peut vous aider en cas de dysfonctionnement du comportement de votre animal.
Comportementaliste canin : origine de la profession
Le métier de comportementaliste a été créé et défini en 1986 par le docteur ès éthologie Michel Chanton qui s'appuyait sur sa thèse de doctorat : Le Comportement social du chien familier. Aspects normaux, troubles imputables au milieu, méthodes de thérapie de type systémique. Il se base alors sur 2 fondamentaux :
- l'éthologie (science du comportement animal) ;
- la systémique (méthodologie d'analyse appliquée à une problématique animale).
À la suite de cela, la profession a connu les évolutions suivantes :
- Depuis 1986, plusieurs autres formations de comportementaliste ont vu le jour, avec des variantes parfois importantes (au sujet d'autres espèces que le chien, par exemple), mais sur les mêmes fondements (éthologique et systémique).
- Puis, les éducateurs canins ont créé leur propre formation d'éducateur-comportementaliste basée sur un conditionnement plus respectueux du chien (non-coercitif), sous l'impulsion d'éducateurs célèbres comme Ian Dunbar (aussi docteur vétérinaire), Jean Lessard ou Barry Eaton.
- Récemment, les vétérinaires français ont eux aussi créé une spécialisation de vétérinaire-comportementaliste basée sur une approche médicale : la zoopsychiatrie.
- Un arrêté du 12 janvier 2023 institue le brevet professionnel (BP) option éducateur canin et fixe ses conditions de délivrance. Pour obtenir ce diplôme, le candidat doit suivre une formation professionnelle continue dispensée en centre de formation et en milieu professionnel d'au moins 1 000 heures, avec une formation en milieu professionnel d'au moins 12 semaines
Bon à savoir : s'ils peuvent parfois être complémentaires, le comportementaliste, l'éducateur-comportementaliste et le vétérinaire-comportementaliste relèvent toutefois de 3 disciplines et approches distinctes qu'il convient de ne pas confondre.
Une approche systémique et éthologique
La profession de comportementaliste canin se base sur 2 approches essentielles à l'exercice de ce métier : la méthode systémique et l'éthologie.
La méthode systémique
La systémique (ou théorie des systèmes) est avant tout une méthode d'analyse de sujets ou de problématiques complexes. Elle s'attache à mettre en évidence :
- les relations existant au sein d'un système (système familial du chien, par exemple) ;
- les relations de ce système avec d'autres systèmes extérieurs (les amis, la famille, les voisins, le vétérinaire, le club canin, les médias, etc.).
L'objectif de la méthode systémique est de déterminer le plus précisément possible où se situent les causes de dysfonctionnement relationnel avec l'animal.
Qu'est-ce que l'éthologie ?
L'éthologie se définit comme la science du comportement animal. Elle revêt 2 aspects :
- l'un basé sur la biologie et une méthodologie spécifique d'observation et d'étude des comportements ;
- l'autre pluridisciplinaire qui intègre différents courants scientifiques comme la paléontologie, la zoologie, la génétique, la médecine, la neurobiologie, la psychiatrie, l'écologie, etc.
L'éthologie permet donc de définir et situer :
- le comportement du chien en lui-même (que fait-il ?) ;
- le but de son comportement (à quoi cela lui sert-il ?) ;
- ce qui déclenche son comportement ;
- ce qui fait « naturellement » (ou non) s'arrêter ce comportement.
Les différents rôles du comportementaliste canin
Rôle préventif du comportementaliste
Le premier rôle du comportementaliste est un rôle préventif et de conseil, afin d'éviter que s'installent des relations conflictuelles, inadaptées ou à risque. Certaines situations sont particulièrement propices à l'intervention en amont d'un comportementaliste canin :
- l'adoption d'un chien ou d'un chiot ;
- avant la naissance d'un enfant ;
- lors de l'intégration du chien dans un nouveau voisinage ;
- lors de l'arrivée d'un autre chien dans le foyer (cohabitation), etc.
Rôle curatif du comportementaliste
Le rôle curatif du comportementaliste constitue la majorité de ses interventions dans un spectre très large. D'une manière générale, dès que quelque chose ne tourne pas ou plus rond chez le chien et en l'absence de maladie avérée, son analyse et expertise peuvent :
- éviter de nombreux désagréments et erreurs ;
- apporter des solutions bien cadrées et adaptées à la problématique rencontrée.
Autres domaines de compétence
Le comportementaliste est également qualifié, toujours dans une approche systémique et éthologique, pour intervenir en tant que conseil au niveau des :
- collectivités ;
- associations animales ;
- associations en lien avec la nature, l'environnement, etc.
Il traite alors de sujets touchant la collectivité et l'intégration du chien dans la société et l'environnement.
À quels types de problème doit-il faire face ?
Face à des chiens agressifs ou destructeurs, par exemple, le comportementaliste devra résoudre des problèmes de nature différente.
Troubles du comportement
De « véritables » troubles du comportement sont assez rares chez le chien. Dans la majorité des cas, chez un chien en bonne santé, ce type de troubles correspond davantage à des troubles de la communication. Pour cela :
- En comprendre les ressorts et dysfonctionnements, les expliquer, représente déjà 50 % de la solution.
- Mettre en place un cadre fiable et compréhensible pour tous suffit ensuite, généralement, à régler le problème, au moins sur le fond.
Comportements déviants
Un comportement déviant ne peut être analysé, par définition, que par rapport à une norme. Or la norme du chien est son éthogramme (catalogue des comportements d'une espèce) :
- Un chien ne peut donc avoir qu'un comportement de chien, parfois inadapté ou incompréhensible du point de vue humain.
- Par ailleurs, chaque chien étant différent (selon la théorie de la sélection naturelle) et chaque famille aussi, certains comportements sont inacceptables chez certains et parfaitement acceptables, voire encouragés, chez d'autres.
- Ces comportements peuvent également être incompris ou incompréhensibles dans leur survenance.
L'approche systémique permet alors de replacer ces comportements dans leur contexte et d'y apporter une solution, non pas généralisée (selon une norme supposée), mais adaptée au système familial du chien, dans le respect de son intégrité, des attentes de ses propriétaires et de la réglementation.
Comportementaliste canin : quelles méthodes et solutions ?
L'évaluation comportementale
Obligatoire en cas de morsure par exemple, l'évaluation comportementale est une pratique qui oppose beaucoup les comportementalistes et éthologistes aux vétérinaires. Ce sont ces derniers qui en ont institué la pratique. Chacun campe sur ses positions, mais :
- Rien au niveau éthologique ne permet d'en corroborer les fondements et applications (euthanasie, rééducation comportementale, catégorisation).
- Au niveau systémique, le simple fait que chaque famille est différente ne permet pas non plus d'établir que le chien, de naissance, serait un être génétiquement soumis aux règles et codes humains (qui changent d'ailleurs plus vite que le chien ne peut s'adapter en tant qu'animal).
Approche systémique de l'environnement du chien
En règle générale, du moins sous nos latitudes, le chien fait partie d'un système familial. En effet, ses origines et son évolution en ont fait un membre de la famille à part entière. Or, c'est d'abord dans le système familial que les incompréhensions, attentes et relations se développent et peuvent se dégrader. Le voisinage, Internet, la pression sociale, la réglementation et bien d'autres facteurs extérieurs peuvent également influencer très largement la relation des maîtres avec leur chien.
Solutions systémiques
En abordant la question sous un angle systémique, l'intérêt est que l'on évite la moindre culpabilisation. Il n'y a aucun jugement de valeur, aucun coupable, juste des solutions :
- La première est de pouvoir, le plus souvent, adapter un cadre acceptable par tous.
- La deuxième est de rendre les relations avec l'humain fiables.
- La troisième est de permettre de se comprendre le mieux possible.