Vous avez minutieusement planifié l’arrivée d’un chiot dans votre famille. Vous avez choisi sa race selon ses standards et vos besoins, son tempérament et un éleveur consciencieux. Enfin, vous avez convenu en famille du cadre dans lequel il évoluera, ce qui lui sera permis de faire ou non. Vous vous sentez fin prêt pour amorcer la phase la plus importante de votre vie commune : son éducation. Il ne débarquera pas, en effet, chez vous, à l’âge de 8 à 10 semaines, propre, bien élevé et éduqué. Voici comment éduquer un chiot en quelques conseils pratiques et simples.
1. Abordez la phase de socialisation du chiot
La socialisation est une période unique dans la vie de votre chien. Elle s'étend jusqu'à l'âge d'environ 16 semaines, voire un peu après chez les chiens de grande race.
Dans les faits, cette période critique a déjà débuté dans le ventre de la mère, alors que le chiot réagit aux interactions avec les humains par exemple (palpations, tons de voix, etc.). L'éleveur consciencieux s'est ensuite assuré de permettre aux chiots de continuer leur apprentissage dans les meilleures conditions (confort, sécurité, stimulations, etc.).
Associer des émotions aux stimuli de son environnement
Tout au long de cette période, le chiot créera des associations émotionnelles avec divers stimuli (événements, environnements, autres êtres vivants, etc.) pour lui permettre de s'adapter au mieux à l'environnement dans lequel il sera appelé à évoluer.
Prédestiné génétiquement à produire certains comportements, votre chiot va affiner leur exécution au contact de ses congénères : inhibition de la morsure, interactions sociales, etc. Il va notamment commencer à apprendre quelles espèces animales il devra considérer comme amicales, rivales ou comme de possibles proies.
C'est maintenant à votre tour de poursuivre le travail entamé il y a environ deux mois. N'attendez pas car, passé l'âge de quatre mois, il sera trop tard. Vous disposez d'à peu près deux mois pour exposer graduellement votre chiot à un maximum de stimuli et l'aider à les associer à des sensations agréables. Plus votre chiot fera d'associations positives avec des stimuli, plus il aura de chances de devenir un chien équilibré. Stimulez tous ses sens : odorat, vue, ouïe, toucher, goût.
Apprenez-lui la désensibilisation et le contre-conditionnement d'une peur afin de vous assurer que l'association soit positive.
Lui apprendre à surmonter ses peurs
Ne contraignez jamais votre chiot à se confronter à ses peurs. Permettez-lui de fuir et d'aller se cacher. C'est un réflexe naturel face à une peur, comme le sont « figer », « faire le fou » et « foncer » (communément appelés « les quatre F »).
Observez attentivement comment il se remet de cette émotion. S'il ne semble pas retrouver son équilibre émotionnel et ne cherche pas à explorer le stimulus effrayant au premier abord, permettez-lui de s'y soustraire. Vous y reviendrez plus tard, en veillant à introduire le stimulus plus graduellement encore.
À noter : certains vétérinaires conseillent d'éviter toute sortie ou contact avec le monde extérieur jusqu'à l'âge de quatre mois, pour des raisons sanitaires. Or, ne transportez-vous pas nombre de pathogènes sur vous, sur vos vêtements, sous vos semelles ? C’est un vieux dilemme entre la santé physique et le développement psychologique de votre chiot. Pourtant, vous pourrez éviter la majorité des contaminations en évitant tout contact avec des déjections, des animaux malsains et en suivant les règles sanitaires de base.
2. Adaptez les premières journées à la maison
C'est enfin le grand jour : vous ramenez votre chiot à la maison. Si, pour vous et les membres de votre famille, c’est un grand jour, c’est en revanche un traumatisme important pour votre chiot. Vous venez de l'arracher à la seule maison et aux seuls êtres qu’il n’ait jamais connu. Il est désormais contraint d'évoluer dans un monde étranger, entouré d'inconnus. C'est à vous de le guider dans son adaptation à ce tout nouvel environnement.
Réduisez son nouvel espace d’exploration
Durant la première semaine, limitez vos objectifs d'apprentissage à son adaptation et à sa socialisation.
Commencez par restreindre l'espace qu'il devra gérer. Limitez son accès à la cuisine le jour, à la pièce où il dort la nuit et à la cour extérieure pour ses besoins, par exemple. Vous aurez, au préalable, sécurisé son environnement et enlevé tout objet dangereux ou auquel vous tenez particulièrement, par exemple.
Les chiots passent le plus clair de leur temps à dormir, jouer, explorer, manger et éliminer. Organisez donc son espace de vie en conséquence :
- une couchette confortable (et facilement lavable) avec sa couverture ;
- quelques jouets sécurisés ;
- ses bols.
Apprenez-lui à faire ses besoins
L'apprentissage de la propreté est très simple en théorie mais demande son lot de patience et d'abnégation dans la pratique. Voici quelques règles à suivre pour enseigner à votre chiot à faire ses besoins à l'extérieur.
- Sortez votre chiot, attendez quelques minutes et récompensez-le immédiatement s'il fait ses besoins à chaque occasion suivante :
- au réveil ;
- après une période de jeu (excitation) ;
- après avoir mangé ou bu ;
- s'il semble s'installer pour faire ses besoins ;
- durant les heures du jour.
- Coupez l'accès à la nourriture et à l'eau environ une heure avant le coucher.
- À l'âge de deux mois, votre chiot ne peut pas être entièrement propre. Des accidents se produiront donc. Ne le punissez pas car il ne peut pas faire autrement. Sortez-le et récompensez-le s'il fait ses besoins.
- Si vous devez vous absenter plus d'une heure, disposez du papier journal ou de la litière pour chien à l'endroit le plus éloigné de sa couchette et de ses bols.
3. Augmentez le compte de confiance
Dès vos premiers moments ensemble, votre chiot et vous avez ouvert un compte commun de confiance. Vous y contribuez chaque fois que vous récompensez un comportement que vous aimez. Au contraire, si vous réprimandez un comportement que vous jugez indésirable, cela équivaut à un retrait de ce compte. Le solde de votre compte reflète l’état de votre relation.
Pour améliorer vos contributions à votre compte de confiance, vous devrez donc suivre les recommandations suivantes.
- Observez attentivement votre chien. Cela vous aidera à déterminer quels sont ses motivations, ses récompenses et ses activités préférées, son langage corporel, etc. Notez également l’effet que chaque récompense produit sur son comportement (excitation, calme, sautillement, mordillement, etc.).
- Déterminez, de préférence au préalable, le cadre comportemental dans lequel votre chiot sera autorisé à évoluer. Il ne le connaît pas, il va devoir l’apprendre. Soyez constant (intervenez à chaque fois) et intègre (tous les membres de la famille indiquent les mêmes limites du cadre de la même façon). Concrètement, cela signifie que vous élaborerez avec votre chiot un cadre de comportements adéquats lorsqu’il est confronté à un stimulus déclencheur dans un environnement donné.
Exemple : environnement = dans la cuisine. Stimulus déclencheur = vous vous installez pour préparer le dîner. Chaîne de comportements désirés = aller s’asseoir dans son panier (et y rester).
- Enseignez tous les comportements désirables à l’aide du renforcement positif. Avant d’exiger, vous devez enseigner. Les méthodes d’enseignement sont nombreuses (leurre, façonnement, mimétisme, validation, etc.). Choisissez toujours, selon le cas, la méthode la plus efficace et la moins intrusive pour votre chiot.
Exemple : pour enseigner la position assise au chiot, il suffit de présenter une friandise appétissante devant son museau et de leurrer le chien dans la position désirée en soulevant doucement la friandise entre ses deux yeux. Inutile donc de tirer sur sa laisse ou d’exercer une quelconque pression sur son arrière train.
4. Sachez réagir si votre chiot produit un comportement indésirable
Ignorer ou tenter d’interrompre un comportement risquent d’engendrer de la frustration chez votre chiot si vous ne lui enseignez pas en plus quel comportement précis adopter dans une telle circonstance. Ces comportements peuvent même être involontairement renforcés. En effet, nombre de comportements chez le chiot ont pour objectif commun d’attirer ou d’obtenir votre attention.
Dès que vous ressentez le besoin d’interrompre un comportement de votre chiot, demandez-vous quel comportement vous préféreriez qu’il produise dans ces circonstances. Puis, enseignez-lui.
- Ajoutez cette association (environnement-stimulus déclencheur-comportement) à votre syllabus.
- Enseignez-lui ce comportement (ou cette chaîne de comportement).
- Récompensez-le à chaque fois qu’il le produit.
Outre l’enseignement et le renforcement systématique des comportements adéquats, vous trouverez sans doute utile de comprendre les différentes phases de développement de votre chiot. À chaque phase ses défis. Souvent, une bonne gestion de l’environnement, un bon encadrement permettront d’éviter bien des désagréments.
Exemple : lorsque le chiot commence à perdre ses dents de bébé, ses dents d’adulte en train de pousser lui font mal. Permettez-lui de faire ses dents sur un objet congelé. Cela apaisera sa douleur et le détournera de vos pantoufles préférées. Si, par malheur, il prend l’habitude de les mâchouiller, qu’il trouve cela apaisant et qu’en plus il obtienne votre attention par le biais d’une course effrénée, les chances sont grandes qu’il répète ce comportement bien longtemps après que ses dents d’adulte ne sont apparues…