Que ce soit avec un chiot, un jeune chien débordant d'énergie ou un adulte qui tire beaucoup, la marche en laisse prend environ 20 minutes pour être acquise, dans le calme et la bonne humeur, avec un simple harnais. Cela constitue l'un des apprentissages possibles du chien.
Caractéristiques de la marche en laisse
La marche en laisse est-elle naturelle chez le chien ?
Il n'existe pas de comportement phylogénétique (inné) permettant au chien de marcher en laisse « naturellement ». Cela ne peut s'obtenir que par l'apprentissage. En laisse, le chien cumule toutes les situations défavorables :
- pas de possibilité de fuite ;
- proxémie arbitrairement fixée à la longueur de la laisse (distance physique critique) ;
- zone d'évitement trop proche de la zone personnelle (selon le rapport du chien à son territoire) ;
- influence de nos émotions (tension sur la laisse) ;
- obligation de subir ou affronter les situations.
Avec une éducation conditionnante et ses lois propres, il faudra de nombreuses séances pour apprendre la marche en laisse au chien, sans pour autant que cela soit pérenne ni fiable en toutes circonstances. En revanche, en abordant le sujet sous une forme communiquante, les choses vont être tout autre, plus rapides et plus fiables.
Quel objectif ?
L'objectif de la marche en laisse n'est pas d'obliger le chien à subir la laisse et l'environnement ou à obéir :
- Il s'agit seulement de lui demander de nous faire confiance, capter son intérêt et répondre à nos sollicitations (et non pas nos ordres).
- Le but est également de tendre à faire oublier la laisse afin de privilégier la relation plutôt que le conflit. Un chien qui tire est un chien en conflit avec nous qui cherche à échapper au contrôle et à l'entrave (contrainte).
La marche en laisse est probablement la clé du succès de tout autre apprentissage. Il est à la fois le plus difficile à obtenir et le plus facile. En effet, si le chien nous fait confiance alors que nous lui interdisons tout (limitation de l'espace), il n'aura aucune difficulté à nous faire confiance alors qu'il a toute liberté de mouvement.
Quel matériel ?
Le matériel idéal est un harnais simple avec une laisse de 2 mètres. Si le chien est vraiment puissant, un harnais type « easywalk » sera largement suffisant :
- Ce harnais possède une boucle sur la poitrine. Ainsi, lorsque le chien tire, le harnais resserre le poitrail, limitant l'autonomie du chien et donc sa traction.
- C'est un harnais qui conviendra toute la vie du chien et qui pourra être un atout de sécurité, si un jour quelque chose le faisait partir précipitamment. Cependant, cet accessoire ne sera jamais une solution, seulement une précaution.
Un collier ordinaire peut également convenir. Cependant, un harnais est beaucoup plus confortable, même avec un grand chien.
Bon à savoir : le harnais type « Halty » va à l'encontre de toute marche en laisse sereine puisqu'il est destiné à guider le chien, comme un cheval, alors qu'il ne faudrait jamais que la laisse serve à conduire le chien.
Type de promenade
Il est nécessaire que le chien puisse avoir des promenades ou des temps de promenade lui permettant de :
- suivre une piste ;
- aller renifler à droite ou à gauche ;
- uriner ou déféquer à l'endroit qu'il préfère ;
- aller d'avant en arrière, etc.
Dans ce cas, il suffira d'avoir une laisse plus longue (4 mètres) ou une laisse rétractable. Néanmoins, le chien ne devra pas nous tirer, seulement avoir plus de latitude à ce moment-là. Dès lors, la rétractation de la laisse ou son raccourcissement ne devra jamais tendre à le tirer. Il faut seulement profiter d'un moment de non-tension pour effectuer l'opération ou l'appeler près de soi pour pouvoir le faire (la meilleure option).
Préparation de la sortie
Mettre en condition votre chien
Quelques jours avant la sortie en laisse, sollicitez au maximum votre chien chez vous :
- Quand vous changez de pièce, une fois arrivé dans l'autre, appelez-le avec bienveillance, voire enthousiasme.
- Dès qu'il est près de vous, félicitez-le, surtout par la voix.
- Si vous êtes assis et votre chien sur son tapis, procédez de la même façon que précédemment. Ne le faites pas un trop grand nombre à la suite, mais à intervalle régulier afin que le chien soit « aux aguets ». S'il vient de lui-même, n'oubliez pas aussi de le féliciter.
Plus votre chien vous suivra ou répondra à votre appel, plus la séance de marche en laisse à venir sera efficace.
Déterminer un lieu
Trouvez un lieu neutre assez dégagé, mais avec un passage éloigné (plus de 50 mètres) :
- Cela peut être un coin de parking retiré, une large allée de promenade, un bord de lac, un jardin public, une rue peu fréquentée, etc.
- Évitez le terrain du club canin qui est un endroit trop spécifique, ou encore la forêt loin de tout, le champ nu, votre jardin.
Consignes générales
Pour votre première séance, vous devez :
- être parfaitement détendu ;
- ne pas avoir de contrainte horaire ni de téléphone allumé ;
- ne pas vous dire que ça va marcher ou non.
Dites-vous juste que vous allez passer un bon moment avec votre chien. Mais la consigne majeure et impérative va être, dès que le chien sera en laisse de ne jamais, mais vraiment jamais, tirer dessus !
Première séance de marche en laisse
Idéalement, une longe de 4 mètres (ou deux de 2 mètres) va permettre de gérer la première partie de la promenade. À partir de votre arrivée sur le lieu de la promenade, vous procéderez de la manière suivante :
- Si, dès la sortie de voiture, votre chien tire, ne tirez pas en retour, ne vous crispez pas, ne vous énervez pas, ne criez pas. Appelez votre chien calmement et félicitez-le dès qu'il est près de vous.
- Puis, faites quelques pas en le laissant aller de droite à gauche, renifler, uriner pendant quelques minutes. Il va sans doute tirer, mais ne tirez pas en retour et restez calme, muet.
- Appelez ensuite votre chien près de vous, félicitez-le oralement et raccourcissez la laisse à 2 mètres.
Arrivé à ce stade, passez à la deuxième étape :
- Choisissez un point à atteindre à environ 50 mètres, mais ne soyez pas trop gourmand.
- Marchez de votre pas normal (et non au pas de charge) vers ce point en appelant calmement votre chien et en lui prodiguant des félicitations.
- Dès qu'il tire, quelle que soit la direction, retournez-vous à 180° sans tirer et appelez votre chien joyeusement :
- Dès qu'il vient, félicitez-le et partez aussitôt dans ce nouveau sens.
- Il tire à nouveau ? 180°, appel, félicitations et marche.
- Faites ceci calmement autant de fois que nécessaire en veillant toutefois à aller vers le point fixé initialement.
- Si votre chien ne tire plus au bout de peu de temps, continuez à faire des 180° ou variez avec des 90° (avec appel et félicitations), mais en allant vers le point à atteindre.
- Enfin, une fois le point atteint, repartez vers le point de départ en faisant la même chose. Dès que le chien ne tire plus ou pratiquement plus sur ce parcours, choisissez un autre point à atteindre et reproduisez la même opération.
Dès que cela se passe bien ou nettement mieux :
- Raccourcissez la laisse à un mètre, mais sans exiger la marche au pied. C'est un autre sujet qui nécessite un autre apprentissage. Il s'agit ici seulement que le chien marche calmement, sans tirer, en promenade.
- Procédez ainsi en choisissant des parcours différents pendant 20 minutes montre en mains et jusqu'au retour vers la voiture. Le chien ne doit dès lors pas tirer, à aucun moment, sans un demi-tour de votre part.
Vous pouvez ainsi faire une séance le matin et une autre l'après-midi dans un autre lieu. Mais, dès que vous avez commencé, vous ne devez plus le laisser tirer sans enchaîner les actions demi-tour + appel + félicitations. N'oubliez jamais qu'il ne s'agit pas d'une séance d'obéissance.
Attention : si votre chien fait bien, ne tire pas, ne le félicitez pas ; on ne félicite ni ne récompense jamais un chien pour une non action.
Confirmer avec une deuxième séance
Si la première séance de marche en laisse s'est bien passée grâce à votre motivation, votre calme et votre rigueur, choisissez pour votre deuxième séance un endroit avec plus de passage, d'autres chiens en laisse, des vélos, des enfants :
- Il vous suffira de faire la même chose que lors de votre première sortie à chaque fois que le chien tirera.
- Par contre, en cas de croisement avec un autre chien en laisse ou toute autre présence qui « inquiète » votre chien :
- Ne tirez pas, mais allez à 90°, appelez votre chien et félicitez-le.
- Puis, faites quelques pas, refaites un 90°, un appel et des félicitations, et reprenez alors votre cheminement initial.
- Vous effectuez ce qu'on appelle un évitement.
En agissant ainsi :
- Vous indiquez au chien qu'il peut éviter avec vous la « menace » d'une présence inquiétante en lui favorisant un comportement naturel.
- Le chien comprend qu'il n'est pas obligé de faire face, de devoir subir ou affronter une situation.
- Bien sûr, tout doit toujours être fait avec calme, sans élever la voix, sans gestes brusques ni, rappelons-le à nouveau, jamais tirer sur la laisse.
Il est très rare que cela ne fonctionne pas et la cause d'un problème sera avant tout humaine. On ne s'aperçoit pas toujours de nos comportements à l'autre bout de la laisse et ce sont ceux-là qui influent le plus sur le calme du chien, ainsi que notre intonation ou notre impatience. Il faut parfois près d'1 heure à un humain, accompagné d'un professionnel, pour acquérir les bonnes attitudes. Ensuite, en 15/20 minutes tout est en ordre avec le chien.
Bon à savoir : il est possible, au bout de 2 à 3 séances la même journée, de faire marcher en ville au bout d'un brin de laine un dogue allemand habitué à beaucoup tirer ; un éthologiste bien connu (Michel Chanton) l'a démontré pendant des mois avec les propriétaires de près de 1 000 chiens de tous gabarits et toutes origines.
Complément à la marche en laisse
Tourner et s'arrêter
Quand on a un chien qui marche correctement en laisse, il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. On va ensuite pouvoir le guider à la voix et/ou au geste, ce qui va amplifier encore sa confiance et son intérêt. Vous pouvez, par exemple, lui apprendre à tourner :
- Choisissez un lotissement avec de nombreuses rues qui se croisent et partez à leur découverte.
- Si le chien tire, vous savez quoi faire et cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps pour qu'il se calme.
- Dès lors, lorsque vous allez tourner à droite, un ou deux pas avant de tourner, dites « droite », puis tournez :
- Si le chien n'a pas suivi, stoppez et appelez-le, félicitez-le et repartez.
- S'il suit de lui-même, félicitez-le aussi.
- Ne répétez jamais l'information et dites-la plutôt sur un ton doux et bas (ce n'est pas un ordre, juste une information que vous allez tourner). Procédez de la même façon pour tourner à gauche.
Un autre exercice est celui de s'arrêter à un croisement :
- Quand vous devrez traverser, dites « stop », puis arrêtez-vous.
- Le chien tire ? Appelez-le près de vous, félicitez-le et dites « en avant » calmement pour traverser.
- En général, le chien va très vite vous regarder à chaque nouveau croisement, attendant votre information. Profitez-en alors pour donner l'info verbale ET faire un geste de la main ou de la tête (droite, gauche, stop, en avant) :
- Si le chien amplifie sa demande d'information (regard), ne faites plus que le geste, aucun mot.
- Sachez qu'un chien n'a pas besoin de vous regarder de face pour capter votre signal. Un simple pivotement de tête de quelques degrés lui suffit (grâce à son champ de vision).
Mots et geste doivent être naturels pour vous. Employez ceux qui vous viennent spontanément à l'esprit (même dans une langue étrangère), que vous vous diriez à vous-même et que vous pourrez reproduire spontanément, sans y penser.
À noter : à nouveau, ce n'est pas une séance d'obéissance, le chien ne doit pas obéir à un ordre, mais être attentif à vos informations (confiance, fiabilité).
Informer votre chien de vos déplacements
Prenez ensuite l'habitude d'informer votre chien de ce que vous allez faire (direction). Plus encore, vous pouvez nommer toutes les pièces de votre logement (en y allant avec lui), les objets que vous utilisez, ce que vous allez faire (course, travail, école, douche, WC, lecture, télévision, promenade, etc.). Ainsi, le nombre d'informations (et non pas mots) que le chien va pouvoir mémoriser devient colossal. Plus nous lui en donnerons, plus il « saura » ce qui va se passer, moins il sera inquiet et agité. Par ailleurs, on peut faire la même chose avec les gestes, ce qui nécessite toutefois un peu d'apprentissage de notre part. Mais c'est très facile et très rapide à mettre en place, et très efficace.
Friandises et récompense
Dans l'apprentissage de la marche en laisse, il n'y a aucun besoin de donner des friandises à son chien et ce n'est même pas recommandé. En effet :
- Cela ne rend pas le processus plus rapide ou efficace.
- De simples félicitations de la voix (il n'est pas toujours facile de se baisser pour caresser un petit chien à tout moment) suffisent, si elles sont authentiques et bienveillantes.
- Vous devez être content du moindre progrès de votre chien, jovial même. Cependant, faites attention à ne pas montrer de l'exubérance : le chien risquerait de monter en excitation et de se mettre à jouer, donc à faire n'importe quoi.
Si le chien nous fait confiance dans la situation la plus contraignante pour lui, la laisse, tout autre apprentissage devient presque un jeu d'enfant. L'enjeu de la marche en laisse est alors multiple :
- sortir du rapport de force, de l'autoritarisme ;
- capter son attention et son intérêt ;
- susciter des attentes de sa part (informations, consignes) ;
- utiliser ses modes de communication et d'apprentissage.
D'ailleurs, de plus en plus en plus d'éducateurs se tournent vers ce mode relationnel de communication, avec des résultats de plus en plus rapides, fiables et pérennes. On peut résumer ainsi ce processus : Expérience → production ou modification du comportement → stockage en mémoire → réutilisation si bénéfice.
Il n'y a donc plus qu'à pratiquer (par répétition) car cela mène à l'acquis.