Éthologie canine

Sommaire

L'éthologie canine permet d'observer, analyser et comprendre les attitudes du chien, son comportement. Souvent on se demande pourquoi notre chien aboie après tout le monde. En posant cette question, nous avons toutes les chances d'entendre répondre : « Parce qu'il est méchant, irritable, agressif, rancunier, dominateur, jaloux, possessif, rebelle, capricieux, territorial, etc. » Mais si l'on pose cette même question à un éthologiste canin, sa réponse risque d'être bien plus laconique : « Parce que c'est un chien. »

Éthologie canine : définition et 4 notions clés

Qu'est-ce que l'éthologie ?

Branche zoologique de la biologie, l'éthologie s'est imposée au fil du temps comme la science par excellence de l'étude du comportement animal et même humain. Les sociologues eux-mêmes viennent très récemment de décider d'utiliser sa méthodologie pour appréhender autrement les rapports entre les hommes et les animaux (domestiques) et les hommes entre eux (comportement individuel et collectif). Le « pourquoi ? » a laissé place au « à quoi ça sert ? » :

  • Cette question « pourquoi ? » laisse tellement de place à l'interprétation qu'elle devient inexploitable ou source de dérapage (anthropomorphisme).
  • L'éthologie a bouleversé le questionnement en le posant désormais sous la forme « à quoi ça (lui) sert ? ».

Ainsi, l'interrogation « pourquoi mon chien aboie après tout le monde ? » reformulée en « à quoi ça sert à mon chien d'aboyer après tout le monde ? » sera bien plus pertinente.

Notion de comportement

Pour bien comprendre l'éthologie canine, la notion de comportement est importante à cerner. Un comportement est la partie de l'activité d'un animal qui se manifeste à un observateur :

  • Il peut être décrit comme l'ensemble des actions et réactions (mouvements, modifications physiologiques, expression sonore, etc.) d'un individu dans une situation donnée.
  • Il varie en fonction du vécu, de l'environnement, de l'état émotionnel et physiologique du chien.
  • Il peut changer 2 fois par seconde sans que rien ne puisse le laisser présager.
  • Qu'un seul paramètre change et le comportement peut être radicalement différent.
  • Dans 2 situations apparemment identiques le comportement peut être totalement différent.
  • Rien ne peut laisser présager l’émergence d'un comportement plutôt qu'un autre.

En revanche, un chien a toujours une bonne raison, de son point de vue, d'adopter tel ou tel comportement. D'abord parce qu'il est programmé pour produire certains comportements (phylogenèse), ensuite parce qu'il a un vécu (ontogenèse).

Bon à savoir : un non-comportement peut également être apprécié comme un comportement, dans le sens où il diverge d'un comportement attendu ou probable (évitement).

Phylogenèse

La phylogenèse est le développement d'une espèce au cours de l'évolution et la transmission des gènes tout au long de cette évolution. On parle parfois d'inné ou d'instinct à tort :

  • Les gènes ne peuvent pas contenir d'instructions détaillées pour des aspects particuliers du comportement.
  • Ils peuvent influencer le comportement, mais pas le dicter.
  • On parle alors de « comportement qui se développe sans influence visible de l'environnement ». Aboyer est un comportement phylogénétique, comme montrer les dents ou remuer la queue, qui sont propres à l'espèce (mais pas toujours spécifiques).

Ainsi, le patrimoine génétique d'un chien va lui permettre de produire un certain nombre de comportements, sans que cela permette de dire qu'il les adoptera obligatoirement dans telle ou telle situation. En revanche, il ne pourra pas avoir un comportement qui n'est pas génétiquement codifié (miauler, par exemple). Un chien ne pourra donc avoir qu'un comportement de chien.

Ontogenèse

L'ontogenèse est l'évolution d'un individu depuis sa fécondation jusqu'à sa mort. Son développement implique une interaction continue entre le patrimoine génétique et l'environnement :

  • Cela veut dire qu'en fonction de la situation présente, un chien aura tel ou tel comportement, mais uniquement un comportement de chien (programmation).
  • L’ontogenèse s'attache alors plus spécifiquement à la naissance de comportements sous l'influence de l'environnement. Un individu, dans une situation donnée, aura un comportement, un autre en adoptera un différent.

Un comportement est donc avant tout phylogénétique (appartenant à l'espèce), mais ne peut s'exprimer que sous influence du milieu, de l'environnement (vécu). La combinaison phylogenèse/ontogénèse permet alors de composer le phénome (ensemble des phénotypes observés) d'un chien, une sorte de personnalité individuelle, car, que ce soit au niveau morphologique comme comportemental, aucun chien n'est identique. C'est d'ailleurs la meilleure démonstration du principe de variation de la théorie de l'évolution.

Phénome et phénotype

Le phénome est l'ensemble des caractères observables d'un individu (phénotype anatomique, phénotype morphologique, phénotype comportemental). Un caractère est défini comme toute partie ou caractéristique infailliblement reconnaissable d'un individu. En effet, face à une situation donnée, un chien va dresser les oreilles et remuer la queue, un autre va gronder, un autre va gémir, un autre va fuir illico. Un comportement est en général ni stable ni définitif, car un chien apprend toute sa vie (principe d'adaptation). Il apprend du résultat ou non résultat (bénéfice) de son comportement et peut le modifier de lui-même, le faire évoluer. Par exemple :

  • Le facteur approche, le chien aboie, gronde, montre les dents. L'homme dépose son courrier et s'en va. Le chien se calme. Aurait-il une phobie des facteurs ?
  • En fait, un individu inquiétant (étranger) s'est approché et le chien a fait ce qu'il savait faire pour éloigner la menace (phylogenèse). Comme le facteur est parti (bénéfice), il y a toutes les chances pour que le chien adopte le même comportement à l'approche de toute autre personne (ontogenèse).
  • Il n'y a donc aucun besoin d'aller chercher des causes de désocialisation ou d'agressivité, il n'y a rien de plus normal et dès lors rien de plus simple pour lui faire modifier naturellement ce comportement.

C'est donc l'observation du phénotype comportemental d'un chien qui va permettre de le comprendre. Et c'est l'éthologie qui va nous en donner les clés avec sa méthodologie et ses analyses spécifiques, objectives et fiables.

À noter : ce qui est nommé une race canine n'est qu'un phénotype morphologique (pas anatomique ni comportemental).

Méthodologie éthologique

La première approche en éthologie canine est de l'observation pure qui tend à poser la question « à quoi ça lui sert ? » :

  • Que fait le sujet ?
  • Quel est le déclencheur ?
  • Comment est produit le comportement ?
  • Quel profit (ou non) en retire-t-il ?

Cela permet ensuite de passer à l'analyse avec les 4 « pourquoi ? » de Tinbergen :

  • cause immédiate du comportement (stimulus) ;
  • valeur de survie (motivation) ;
  • part phylogénétique ;
  • part ontogénique.

Cette analyse doit faire abstraction de toute subjectivité et s'appuyer sur une règle incontournable, le canon de Morgan : « Ne jamais chercher à expliquer un comportement par une cause de niveau supérieur alors qu'elle peut l'être par celle d'un niveau inférieur. » Cela veut dire qu'avant de se lancer dans des supputations (jalousie, méchanceté, etc.), il est indispensable de déterminer s'il n'existe pas une cause plus naturelle, explicable et exploitable. À ce stade, pour pouvoir utiliser pleinement l'approche éthologique avec le chien, il est nécessaire d'en connaître les comportements types au sein de l'éthogramme. Ce dernier est un catalogue des comportements phylogénétiques d'une espèce, et le chien est bel et bien une espèce à part entière aux origines bien spécifiques.

Éthologie canine : le comportement alimentaire

Le comportement alimentaire type du chien est la prédation (chasse et mise à mort), même s'il est nourri par l'homme. Il est de 2 types selon l'individu que le chien a en face de lui :

  • Vis-à-vis d'une proie potentielle : ce qui caractérise une proie c'est sa fuite (mouvement rapide), une attitude qui explique que tout ce qui fuit (autre chien, chat, cycliste, joggeur, etc.) provoque souvent un démarrage du chien. C'est d'ailleurs un phénomène biologique, quasi incontrôlable déclenché par la production immédiate d'adrénaline qui se décharge juste par ce mouvement de fuite.
  • Vis-à-vis d'un concurrent (autre prédateur) : face autres prédateurs, autres chiens compris, il s'agit d'un « instinct » de préservation des ressources commun aux prédateurs en général. Éliminer la concurrence est aussi important que de chasser.

Lorsque le chien atteint sa victime, proie ou concurrent, il la met à mort, en général par secouement létal (saisissement de la nuque et secouement qui la brise). On retrouve ce comportement lorsque le chien secoue furieusement la serpillière, un bâton ou une couverture.

Comportements sexuels

Comment se manifestent-ils ?

Chez le loup gris, seul le mâle et la femelle Alpha se reproduisent. Pour cela, au moment des chaleurs, tous les deux empêchent les autres adultes de se reproduire, bloquant l'ovulation des femelles et la montée de testostérone chez les mâles. Mais on ne retrouve pas ce phénomène chez le chien, même dans des groupes errants :

  • La testostérone monte chez tous les mâles.
  • C'est la lutte qui détermine le vainqueur.
  • Ceci explique que la présence plus ou moins lointaine d'une chienne en chaleur va exciter les mâles alentours et leur faire adopter des comportements plus virils lors de cette période.

Dopamine et testostérone

La testostérone n'est pas une hormone de l'agressivité, mais une hormone stimulante ayant un effet inhibiteur qui abaisse le seuil de déclenchement, augmente l'excitation et l'activité virile :

  • Elle est particulièrement active et importante au niveau de la musculature.
  • Elle a également une action bienfaisante sur l'humeur (sensation de bien-être, désinhibition), sur le processus cognitif (apprentissages) et plus généralement sur les états mentaux (dépression, irritabilité, etc.).

L'hormone, ou plutôt la neurohormone, qui est à la base des comportements les plus violents est en fait la dopamine, matériau de base de la fabrication de l'adrénaline et de la noradrénaline :

  • L'adrénaline est essentielle à l'activité physique, comme faire face à un danger, chasser, etc.
  • La noradrénaline peut provoquer des décharges d'adrénaline (en cas de stress, par exemple) pour agir à la façon d'un antidépresseur naturel.
  • C'est la dopamine qui influe le plus et le plus souvent sur l'humeur, l'agressivité, l'inhibition et l'apparition de comportements destructeurs ou à risque.

Bon à savoir : la castration physique est une erreur qui peut être lourde de conséquence au niveau du métabolisme, car elle ne bloque que la testostérone, la sexualité, et va perturber la production de dopamine et de noradrénaline en particulier, un neurotransmetteur essentiel à la régulation des émotions et de l'humeur (irritabilité, abattement, apathie, stress, motivation, etc.).

Éthologie canine : existe-t-il un comportement territorial ?

Il n'existe a pas de comportement territorial observé chez le chien. Tout juste peut-on analyser certains comportements comme une défense des ressources (sécurité, zone alimentaire, défense des petits). Ces comportements, s'ils sont trop flagants, peuvent être réglés par la proxémie.

Comportements agonistiques

Le terme « agonistique » est d'origine éthologique et englobe les comportements concernant la lutte, les conflits et les confrontations de rivalité entre individus. Agonistique remplace « agressif » que la connotation humaine rend inexploitable scientifiquement au niveau animal :

  • On retrouve dans cette appellation la menace et l'agression, mais aussi la fuite qui est une réponse à une agression manifeste ou supposée.
  • Cela inclut également explicitement les comportements de soumission ou d'apaisement.

Un comportement agonistique dans un groupe social sert principalement à régler les tensions, mais il peut aller jusqu'à la mise à mort.

La menace

La menace est une forme de communication animale majeure, tant vis-à-vis d'autres espèces qu'entre congénères. Ses formes varient :

  • du simple regard de défi (droit dans les yeux) ;
  • à la posture sans ambiguïté :
    • oreilles plaquées contre la tête ;
    • queue basse ;
    • poils du cou hérissés ;
    • babines retroussées et grognements chez le chien.

Mais seulement baisser les oreilles ou un léger claquement de dents dans le vide peut constituer une menace. C'est probablement la forme la plus évoluée et la plus riche (postures et mimiques) de la manifestation de l'état émotionnel de l'animal. On peut détailler ce phénomène de la manière suivante :

  • Vis-à-vis d'autres espèces (hors proies) ou de congénères inconnus, la menace a une fonction clairement dissuasive, intimidante, tendant à faire fuir l’intrus :
    • Tout combat est incertain et le risque de blessures très grand, c'est la détermination du sujet, plus que sa taille ou sa force, souvent, qui fera la différence.
    • Il n'est pas rare qu'un lion mâle passe son chemin face à un guépard déterminé qu'il pourrait pourtant tuer d'un seul coup de patte.
  • Au sein d'une espèce, ou plutôt d'un groupe d'individus d'une espèce, (notamment une meute de loup) la menace a un rôle social très important car elle participe à la vie du groupe, même au niveau éducatif :
    • Elle permet l'expression de l'état émotionnel et par là même une réponse en retour (apaisement, appel au jeu, limites).
    • Loin d'être le prélude à une agression, elle a tout au contraire comme fonction de les éviter (évitement des conflits et des blessures).
    • Notons au passage qu'un loup adulte qui s'interpose physiquement entre deux jeunes un peu trop excités peut être considéré comme une menace explicite, même sans posture menaçante de sa part (menace bienveillante ?).
  • Chez le chien, il n'y a probablement jamais d'interactions sans menace plus ou moins prononcée à un moment ou un autre. C'est surtout vrai lors de la rencontre de deux chiens inconnus qui vont ainsi jauger leurs capacités « sociales » (et non pas se hiérarchiser) avant d'interagir (instauration de la confiance, limites).

Avec l'homme, la menace a le même sens (information, avertissement). L'empêcher ou l'ignorer est le plus sûr moyen d'instrumentaliser le chien : voyant que sa menace n'a pas d'effet, le chien va omettre cette séquence et directement agresser (attitude irréversible). Comprendre la menace et surtout l'état émotionnel qui la sous-tend est bien plus fiable et porteur de solution. Se prendre pour le chef de meute (soumission) est de l'inconscience.

L'agression

Hormis l'agression de prédation qui a pour but de tuer pour se nourrir (ou éliminer un concurrent), l'agression (en général une morsure) est l'ultime moyen de faire cesser une menace (danger potentiel) supposée ou réelle. Entre chiens, les types d'agressions ont été recensés dans la classification de Moyer qui permet de les identifier. Ce classement reste toutefois approximatif car plutôt approprié aux chiens errants. Or, la majorité des conduites agressives sont le fait de l'homme, de son influence que ce soit au niveau éducatif, social ou comportemental. Et ceci vaut également pour les agressions sur l'homme lui-même (voir chien agressif).

Bon à savoir : avec un chien bien socialisé (naturellement), la morsure doit être proportionnelle à la menace, du simple pincement (avertissement) à la morsure pouvant être mortelle (se manifestant par le secouement de la tête).

Éthologie canine : les comportements ludiques

Les comportements ludiques peuvent se définir comme une forme d'entraînement aux comportements de l'espèce, sans conséquences, sans hiérarchie, sans but directement lié au comportement lui-même (simulation). Ils ne sont pas une réaction à une stimulation ou une situation. Ils participent à la fois :

  • aux relations sociales (cohésion, communication) ;
  • au maintien en forme physique (fonctions musculaires et motrices) ;
  • au développement des facultés perceptives (cognition) ;
  • au développement et à l'affinement des comportements adaptés (rituels).

Les comportements ludiques sont caractérisés par un haut degré de spontanéité, du gré de l'individu :

  • Ils peuvent être enchaînés sans logique et provoquer des réactions sans rapport logique non plus.
  • Tous les comportements phylogénétiques sont acceptés, morsure comprise. Tout est permis ou presque.
  • C'est en général la douleur qui met fin à l'activité ludique, bien qu'elle puisse reprendre immédiatement après le coup de semonce qui a alors valeur de limite.

Ce sont les comportements ludiques qui participent le plus à :

  • l'inhibition à la morsure ;
  • l'évitement des conflits ;
  • la mise en place des comportements adaptés avec l'homme (limites, renforcement).

Ainsi, jouer avec un chien en respectant ses règles du jeu (tout est permis ou presque) permet très rapidement de lui fixer avec bienveillance les limites à ne pas dépasser et lui faire privilégier certains comportements au détriment d'autres. Attention, ce ne doit pas être une séance d'obéissance.

À noter : chez les canidés sauvages, les comportements ludiques cessent à l'âge adulte, ce qui n'est pas le cas chez le chien (ce que l'on nomme la néoténie).

Comportements sociaux

Les postures, mimiques et productions sonores liées aux comportements sociaux sont programmées, mais leur utilisation ne se fera que par apprentissage avec l'homme, grâce au caractère très sociable du chien. Par ailleurs, la collaboration entre chien est un autre aspect, inné cette fois (exploration en commun). Ceci constitue une excellente manière de socialiser des chiens inconnus entre eux. En les plaçant dans un environnement riche en découverte (forêt, verger, mais pas champ nu), les chiens vont plus se consacrer à l'exploration commune de ce territoire inconnu, « inquiétant », que se focaliser les uns sur les autres (hiérarchisation, rivalité).

Éthologie canine : les comportements de substitution

Comment se manifestent-ils ?

Tant au niveau des animaux sauvages que domestiques, certains comportements sont soudains et incompréhensibles. Un chien peut alors se mettre à :

  • tourner en rond ;
  • courir dans tous les sens ;
  • vouloir attraper sa queue sans jamais y arriver ;
  • ramper ;
  • s'arracher les poils ;
  • produire des sons inconnus et inquiétants (presque des miaulements parfois), etc.

Lorsque les tensions (même de joie), le stress, l'inquiétude, l'impossibilité de faire face ou faire cesser une situation, l'incompréhension est à son comble, le chien « pète un câble » et se met à faire n'importe quoi. Le HS/HA (hypersensibilité/hyperactivité) en est l'exemple le plus flagrant. Et cela peut aller jusqu'à l'agression injustifiée appelée agression redirigée.

L'agression redirigée

Lorsque l'objet du « ressentiment » d'un chien lui est inaccessible, physiquement ou psychiquement, nous pouvons parfois le voir se jeter sur un objet ou nos pieds, nos bras et le(les) mordre furieusement en le(les) secouant. Ne pouvant faire cesser une menace supposée ou réelle, inaccessible ou une douleur (comme l'orage), le chien va décharger son énergie sur tout ce qu'il a à portée de dents. La forme extrême de ce comportement est ce qui est nommé le comportement destructeur. Il ne faut toutefois pas confondre ce type d'agression avec un comportement ludique (entraînement à la prédation).

Comportements ontogéniques

Tous les comportements phylogénétiques vont apparaître, se développer, prendre leur forme, leur intensité, leur justification, se modifier, en fonction de l’ontogenèse, c’est-à-dire des expériences que le chien va avoir tout au long de sa vie.

Entre chiens

Plus des chiens auront des contacts libres entre eux, le plus tôt, le plus souvent et le plus longtemps possible, plus ils seront socialisés et apprendront les uns des autres dans toutes les situations. C'est la même chose avec d'autres espèces animales (cas du chien de troupeau). On peut alors noter, au niveau des comportements sociaux :

  • La hiérarchisation : c'est en fait un terme impropre tant il ne correspond à rien, car la hiérarchie suppose un accès privilégié à des ressources comme la reproduction ou l'alimentation, une gestion de l'espace (limitation des mouvements brusques). En réalité, quand un chien en provoque un autre, il cherche sa place, manifeste son état émotionnel (souvent de l'inquiétude) et rentre dans la mise en place de rituels :
    • Soit il reçoit un geste de soumission en retour, en fait un geste d'apaisement qui effectivement apaise son inquiétude, sa tension.
    • Soit il doit se « soumettre » ou fuir devant plus déterminé que lui, ce qui provoque le même effet apaisant.
  • La ritualisation : cela représente l'ensemble des signaux, postures et comportements qui vont tendre à inhiber les morsures et éviter les conflits. Même si cela doit passer par un affrontement physique, en général unique, bref et sans dommage.
  • Le chien dominant : il s'agit d'un chien qui n'a jamais besoin de provoquer un autre chien, sa simple présence tendant à calmer les esprits. En revanche :
    • Il relèvera toujours un défi ou une provocation.
    • Il aura aussi tendance à s'interposer dans les rivalités ou activités viriles.
    • Ce ne sera pas forcément sa force physique qui sera importante, mais surtout sa détermination.
  • La rivalité : il existe bien évidemment des conflits très clairs et parfois violents entre chiens. En général, il s'agit des situations suivantes :
    • des chiens mal socialisés aux congénères ;
    • une intervention humaine qui veut réguler leurs relations (interruption de séquence) ;
    • la peur du maître qu'il interprète comme devant avoir peur de l'autre chien (agression défensive) ;
    • l'instrumentalisation (dressage mal fait) ;
    • ou encore la présence d'une chienne en chaleur aux alentours, de petits à protéger, d'un endroit trop exigu, l'impossibilité de fuir, etc.

Il serait indispensable de pouvoir laisser les chiens se socialiser entre eux, sans intervention humaine, par gabarits (pour éviter les blessures), plutôt que de vouloir régir leurs interactions (conditionnement). Car l'action humaine conduit bien plus sûrement à une désocialisation aux congénères.

Avec l'homme

Le chien est capable de produire avec l'homme des comportements phylogénétiques sans lien avec le but naturel du comportement, surtout en nous observant :

  • Il est ainsi capable de donner sens à nos émotions (mimiques, sonorités, etc.), mais aussi à nos gestes et attitudes. Leur expression sera alors autant de signaux provoquant des comportements de sa part.
  • Le développement ontogénique des comportements phylogénétiques du chien avec l'homme sera en lien direct avec :
    • notre relation à lui ;
    • la gestion que nous aurons nous-même d'une situation ;
    • le renforcement des comportements attendus au détriment des autres ;
    • le bénéfice (et non pas récompense) que le chien en aura.

Le respect des modes d'apprentissage spécifiques du chien sera également un gage de développement harmonieux de ses comportements avec son environnement (modes de communication, comportements ludiques, rituels).

L'importance de l'ontogenèse

D'une manière générale, éthologiquement parlant, l'ontogenèse du chien avec son environnement, un environnement inconnu, d'autres chiens et espèces animales, sa famille et l'humain en général, participera du vécu qu'il en aura ou pas, de ses expériences continuelles :

  • Dans une situation inconnue, tout comportement phylogénétique sera naturellement privilégié, d'autant plus qu'il procurera le bénéfice attendu et sera dès lors adopté comme étant celui adapté.
  • Par ailleurs, la production d'un comportement adapté de notre point de vue ou la modification d'un comportement inadapté ne pourra se faire qu'en terme d'apprentissage, donc de relation (confiance, fiabilité, sécurité, communication), à la condition que le comportement favorisé concoure au même bénéfice. Par exemple, un étranger s'approche, le chien se jette furieusement sur un morceau de corde ou un jouet (agression redirigée), l'étranger s'en va, donc le chien n'aura plus besoin de menacer.

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