On sait que la moitié des chiens de plus de 10 ans développeront une tumeur, et la tumeur du chien est la principale cause de décès des chiens de cette classe d’âge. Pourtant, la médecine vétérinaire progresse d’année en année et les spécialistes en cancérologie déclarent qu’un animal sur deux atteint d’une tumeur peut en guérir, surtout si la maladie est traitée suffisamment tôt.
Tumeur du chien : définition et classification des tumeurs
Processus tumoral
Une tumeur est liée à la multiplication anarchique de cellules d’un organe. Les cellules se divisent plus vite que les cellules normales et surtout elle ne meurent plus.
En effet, pour protéger l’organisme, les cellules au matériel génétique abîmé se « suicident » spontanément, par un processus appelé « apoptose ». Mais les cellules tumorales échappent à ce phénomène. La conjugaison de ces deux processus (multiplication et arrêt de l’apoptose) fait que la tumeur se développe rapidement.
Remarque : les cellules tumorales n'assument plus la fonction normale des cellules de l’organe, par contre elles vont détourner la circulation sanguine pour se nourrir (nutriments, oxygène) au détriment des autres cellules non tumorales.
Grands types de tumeurs
On distingue 2 grands types de tumeurs.
Les tumeurs bénignes débutent dans un organe et y restent localisées. Mais une tumeur bénigne peut être grave, car elle peut conduire à la destruction de l’organe touché.
Exemple : le carcinome épidermoïde des cavités nasales du chien ne métastase pas, mais va détruire les sinus et gêner la respiration de l’animal, jusqu’à motiver parfois son euthanasie.
Les tumeurs malignes débutent dans un organe (tumeur primaire), puis vont atteindre d’autres organes et se généraliser. Dans ce processus, la tumeur primaire libère des cellules tumorales dans la circulation lymphatique et ces cellules colonisent d’autres organes. Les tumeurs secondaires sont appelées des « métastases ». On parle alors de cancer.
Exemple : les métastases de tumeurs mammaires malignes se développent dans les poumons.
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Tumeur du chien : symptômes et diagnostic
Symptômes des tumeurs chez le chien
Les symptômes sont assez similaires chez l’être humain et chez le chien. Une petite masse, une plaie qui ne guérit, une déformation d’un organe, des nœuds lymphatiques plus gros que d’habitude, des saignements inhabituels (sang dans les urines, saignements de nez…) : tous ces signes peuvent être ceux d’une tumeur.
Bon à savoir : il n’existe malheureusement pas de symptôme caractéristique. Au début de la maladie, aucun signe n’est visible. Ils apparaissent au fur et à mesure du processus tumoral.
Lorsque le cancer évolue, le chien va perdre du poids ou vous sembler plus fatigué.
Diagnostic des tumeurs chez le chien
Le diagnostic des tumeurs passe par l’imagerie médicale (radiographie, échographie, voire scanner), qui permet de visualiser les organes internes et de détecter d'éventuelles masses.
Une fois que la masse est détectée, on prélève un morceau de tissu pour déterminer sa nature. Cela se fait au choix par :
- Cytoponction : technique qui consiste à prélever un échantillon de cellules grâce à une aiguille. Cette analyse se fait soit sous échographie (organe interne), soit directement (masse cutanée). Dans la majorité des cas, l’animal n’a pas besoin d’être sédaté pour qu'on effectue le prélèvement.
- Biopsie : technique qui consiste à prélever un morceau de tissu sous anesthésie. La biopsie peut avoir lieu lors de la chirurgie qui vise à retirer la masse, ou par endoscopie.
À noter : l’analyse histologique avec une biopsie est souvent le seul moyen d’avoir un diagnostic de certitude sur la nature de la tumeur, et donc de connaître le pronostic pour l’animal.
Tumeur du chien : traitement et prévention
Traitements des tumeurs chez le chien
Trois types de traitements sont possibles. Ils sont souvent complémentaires.
Chirurgie
Elle est utile dans 90 % des cas. Elle consiste à retirer la masse sous anesthésie. Elle est curative (permet la guérison de l’animal) s’il s’agit d’une tumeur bénigne ou d’une tumeur maligne qui n’a pas métastasé et avec des marges saines (c’est-à-dire sans cellules tumorales) 2 cm tout autour de la tumeur. Cela nécessite parfois de devoir amputer l’animal.
Remarque : la chirurgie est seulement palliative si la tumeur a déjà métastasé. On ne guérit pas l’animal, mais on peut le soulager.
Chimiothérapie
Elle consiste à administrer à l’animal (par injection ou par voie orale) des médicaments cytotoxiques (qui induisent la mort des cellules). Elle est souvent beaucoup mieux tolérée chez le chien que chez l’être humain.
Les molécules de chimiothérapie ne sont pas actives sur toutes les tumeurs. Bien souvent, en médecine vétérinaire, il s’agit d’un traitement palliatif qui prolonge la vie de l’animal et non d’un traitement curatif.
Seuls certains vétérinaires sont habilités à effectuer des traitements de chimiothérapie.
Exemple : la chimiothérapie en cas de lymphome est efficace chez le chien, avec une médiane de survie de 24 mois, contre 3 mois sans traitement. La qualité de vie de l’animal est préservée et les effets secondaires sont moins importants que chez l’homme (la perte de poils est très rare par exemple).
Radiothérapie
Elle consiste à appliquer un rayonnement sur les cellules tumorales. Elle se pratique dans des centres vétérinaires spécialisés en cancérologie.
Prévention des tumeurs
La prévention des tumeurs est compliquée, car il s’agit d’une maladie multifactorielle, avec la conjugaison de facteurs génétiques et environnementaux.
Cependant, il est prouvé que la stérilisation des chiennes diminue de façon significative le risque de développer des tumeurs mammaires. Or, la moitié des chiennes développent des tumeurs mammaires lorsqu’elles sont âgées.
Tumeur du chien : les races à risque de tumeurs
Dans certaines races, les taux d’animaux qui souffrent d’un cancer sont très importants. C’est notamment vrai chez les Golden retriever, les Bouviers bernois ou les Boxers.
L’explication tient au fait que, pour sélectionner les caractéristiques de ces races et fixer leurs traits physiques particuliers, les éleveurs ont fait se reproduire entre eux des animaux génétiquement proches. Cela a permis de créer des races où tous les animaux se ressemblent, mais en contrepartie, cela a sélectionné des prédispositions génétiques à certains cancers.
Remarque : malheureusement, tous les chiens peuvent être sujets aux tumeurs et les croisés ne sont pas à l’abri.