La nourriture du chien n'est pas qu'une question de choix parmi les innombrables propositions commerciales. La bonne alimentation de votre animal nécessite de bien connaître également ses besoins et spécificités. Vous pourrez ainsi mieux choisir entre les croquettes, la pâtée, la nourriture maison.
Nourriture du chien : l'alimentation d'un animal domestique
Si le loup est dit opportuniste, capable de se nourrir d'une vaste palette d'aliments (jusqu'à de la terre en période de grande disette), le chien a hérité d'une certaine façon de cette qualité. Mais surtout, dans ses origines, sa proximité avec l'homme dès l'époque des chasseurs-cueilleurs lui a fait tolérer des aliments et des modes d’accommodement propres à l'humain. Pour autant, on ne peut pas dire que le chien est devenu omnivore tant il y a de denrées et modes de préparation qui lui sont nocifs. On peut remarquer que :
- Il tolère bien :
- certains légumes, surtout crus ;
- du gras d'origine végétale (huiles) ;
- quelques céréales.
- Si le chien avait le choix, ce serait la viande ou le poisson qu'il privilégierait, c'est-à-dire les protéines animales.
- Mais certains légumes et quelques huiles ont d'excellents effets sur sa santé et sa longévité.
Spécificités physiologiques du chien
Pour bien nourrir votre chien, il est important de connaître les spécificités physiologiques de son organisme en matière d'alimentation.
La mâchoire et la dentition du chien
Contrairement aux idées reçues, la mâchoire et la dentition du chien ne sont absolument pas conçues pour mastiquer :
- Elles arrachent et cisaillent des lambeaux, les coupent si nécessaire.
- Puis, les aliments sont avalés tout rond avec l'aide du mucus, corps gras qui facilite l'ingestion.
- Quant aux os, ils sont simplement broyés afin de pouvoir être digérés, toujours avec l'aide du mucus.
De plus, il faut savoir que la mastication ne sert qu'à libérer les enzymes digestives au niveau de la bouche chez l'homme. Plus on mastique, meilleure est la digestion. Mais le chien n'en libère pas à ce niveau. Mastiquer ne lui servirait donc à rien.
La maladie parodontale
L'un des plus grands ennemis du prédateur carnivore est la maladie parodontale, c'est-à-dire la plaque dentaire. Son effet le plus insidieux est le développement microbien qu'elle renferme et qui se diffuse à tout l'organisme, avant même de provoquer des caries ou autres anomalies dentaires :
- Foie, reins, pancréas, système nerveux, cardiaque ou sanguin, cerveau, vue, tout l'organisme est susceptible d'être affecté par la simple présence de cette plaque.
- À terme, c'est le cerveau qui est touché. La mort est alors assurée, parfois même bien avant, car l'animal ne peut plus chasser ou s'alimenter.
Cependant, la nature a doté ces prédateurs carnivores d'une mâchoire spécialement conçue pour utiliser les os comme « brosse à dents » naturelle. En outre, tout est prévu dans la morphologie du chien pour éviter la stagnation d'aliments au niveau de la gueule :
- une dentition à la puissance et la forme spécifiques (effet de « sécateur ») ;
- le mucus ;
- la production interne d'enzymes digestives.
Os et corps durs
Exceptée la hyène qui est capable d'ingérer à peu près l'intégralité d'une proie (poils et sabots compris !) et même de broyer des os de girafe ou d'éléphant, les autres canidés ont des capacités beaucoup plus modestes à ce niveau. Cependant, ils pratiquent tous le broyage des os car il s'agit de leur seul moyen de nettoyer leur gueule des stagnations alimentaires. Il y a les os, mais aussi les cartilages qui le permettent. On constate ainsi que :
- Si de gros os sont parfois soigneusement débarrassés de la viande attachée dessus, un loup ou un coyote ne va jamais tenter de les broyer pour les avaler. Seuls les os adaptés à sa mâchoire le seront, mais seulement s'il y a encore de la chair autour.
- C'est la même chose chez le chien :
- Un os trop gros sans viande autour risque de lui blesser les gencives et les dents.
- Des os trop petits risquent de se coincer dans sa gorge.
Bon à savoir : l'enfouissement des gros os ne pouvant être broyés n'a pas un but de stockage, mais favorise un développement bactérien sur l'os le ramollissant afin d'atteindre la moelle ; ce qui n'est pas conseillé du fait des bactéries pouvant être transmises ainsi et des sols souvent contaminés.
Déjections
Il est assez remarquable de constater, quand on compare le poids ingéré et celui rejeté, que le loup et d'autres canidés gaspillent très peu de nourriture. On dégage 2 raisons principales à ce phénomène :
- D'abord, les canidés privilégient les aliments les plus bénéfiques pour eux.
- Ensuite, leur métabolisme est conçu pour tirer partie du moindre nutriment :
- soit pour le transformer ;
- soit pour le stocker.
C'est une question de survie, car la chasse est une activité dangereuse et aléatoire. Il faut également être un athlète, ce qui entraîne des besoins énergétiques colossaux (musculature, ossature, cœur, etc.). Par conséquent, au niveau des déjections, cela se manifestera de la manière suivante :
- Si un grand loup gris peut ingérer entre 3 et 4 kg de viande en un seul repas, ses déjections vont être de l'ordre de 10 % de ce poids.
- Pour le chien, ses déjections devraient se situer entre 10 et 15 % du poids d'aliments avalés. Au-delà de ce pourcentage, cela signifie que son organisme :
- Ne travaille pas bien ou trop, pour rien.
- Consomme plus qu'il ne produit.
- Tend à s'affaiblir plutôt qu'à se tonifier.
Ainsi, les déjections sont pratiquement le seul baromètre fiable de la bonne alimentation de votre chien, avec l'apparence bien sûr (surpoids, maigreur, etc.).
Les 5 défauts des croquettes
Quelle que soit l'origine ou la qualité, tous les types de croquettes ont en commun 5 défauts majeurs.
Friabilité
La friabilité des croquettes est un vrai problème :
- De par leur méthode de fabrication, les croquettes se décomposent en poudre sous l'effet de la mastication.
- Or, cette poudre se colle, grâce au mucus, à la racine des dents du chien, formant de la plaque dentaire.
Un effet abrasif des croquettes est parfois avancé, qui produirait un effet anti tartre. Cependant, aucune étude ne l'a encore prouvé et c'est même le contraire qui s'observe : 4 chiens sur 5 seraient nourris avec des croquettes et 80 à 85 % d'entre eux souffrent de plaque dentaire après l'âge de 3 ans. De plus, les humidifier revient au même résultat (pâtée).
Déshydratation
La croquette étant un produit déshydraté, elle va aussitôt avoir tendance à absorber les fluides internes du chien, ce qui va le déshydrater à son tour. Pour cette raison, il est très important qu'un chien nourri aux croquettes ait toujours de l'eau à proximité. Malgré cela :
- La déshydratation du chien risque de provoquer un travail supplémentaire du système rénal qui est conçu spécifiquement pour la rétention d'urine, dont l'alimentation devrait être la principale source d'hydratation.
- L'eau, si elle n'est pas nécessitée par l'activité physique ou la chaleur, va forcer les reins :
- à travailler inutilement ;
- à stocker trop (inflammation) ;
- jusqu'à ne plus pouvoir stocker (énurésie).
Équilibre alimentaire
Des ajouts ou la présence des vitamines A, C et D, avancés comme un argument nutritionnel, sont de nature à entraîner des pathologies (rénales, cardiaques, osseuses, musculaires, etc.). En effet, pour la vitamine C par exemple, contrairement à l'homme qui en a un besoin journalier, le chien la synthétise. Il n'en a donc aucun besoin quotidien. C'est la même chose pour les vitamines A et D pouvant provoquer l'hypervitaminose (foie, os, poil, peau, vue, etc.).
Déjections
Les déjections du chien devraient se situer entre 10 et 15 % du poids d'aliments ingérés. Une étude menée par le comportementaliste Éric Laborde, Bonne bouffe, bon chien, sur près d'un an (2014-2015), toutes marques et qualités de croquette confondues, a mesuré un poids de déjections situé entre 30 et 50 % de celui ingéré. Cette différence importante et anormale est symptomatique :
- d'une part, d'une mauvaise alimentation du chien ;
- d'autre part d'un surcroît de travail des organes pour rien.
Diarrhées
Il est quasi systématique qu'un changement brutal de marque de croquettes entraîne des diarrhées. Leur cause est assez mystérieuse. Mais cet effet n'est jamais observé chez un chien nourri avec des denrées naturelles et crues qui peut passer sans encombre de l'une à l'autre sans transition préalable. Ce constat serait donc le signe d'une fragilité qui s'installe et d'un fonctionnement anormal des organes, ce qui va à l'encontre de tous les principes de l'évolution animale (adaptation).
À noter : la nutrition via des croquettes est insidieuse, car les effets se font rarement sentir rapidement, mais graduellement, jusqu'à entraîner une pathologie aiguë, chronique ou fatale ; en cela, les études qui prétendent des bienfaits aux croquettes sont souvent très partiales, suscitant à chaque fois de vives critiques sur leurs protocoles ou conclusions.
Quels conseils pour bien nourrir son chien ?
Voici quelques conseils pour apporter une nourriture adaptée à son chien.
Le principe d'une alimentation maison adaptée
Une alimentation pour chien adaptée repose sur :
- La viande : tous les types de viande (élevage ou gibier) et tous les morceaux sont bons pour le chien, du moment qu'ils sont donnés crus, coupés en dés ou lanières afin de pouvoir être avalés tout rond, sans mastication. Ne donnez jamais de viande hachée ou mixée à un chien.
- Les légumes : de nombreux légumes peuvent convenir au chien, même de saison. Ils sont donnés crus ou seulement blanchis, mixés ou râpés. Ils constituent un facteur essentiel d'apports en vitamines et minéraux naturels et de bonne hydratation du chien (système rénal).
- Les céréales : du riz et uniquement du riz cuit. Ce n'est pas indispensable, mais le riz, de toutes les céréales, est celle dont les protéines sont les meilleures. C'est aussi celle qui est la mieux assimilée par les chiens (sauf allergie aux glutens).
- Les corps durs : des os, mais aussi des cartilages, crus uniquement. Les os doivent être adaptés à la taille de la gueule du chien pour pouvoir être facilement broyés et ingérés. Ils doivent également avoir conservé assez de viande autour pour être sans danger (os charnu). On veillera à les donner après la gamelle pour bien nettoyer la gueule et éviter la formation de la plaque dentaire.
Bon à savoir : des œufs, de l'huile végétale, du poisson, des fruits, des épluchures peuvent également être utilisés sans inconvénient.
L'astuce de la congélation
Le grand intérêt du procédé de congélation est qu'il conserve toutes les propriétés naturelles des aliments, dont l'hydratation. Mais plus important encore, il n'est pas nécessaire de décongeler les portions pour les donner au chien :
- Pratiquement tout aliment donné congelé au chien va donc devenir un corps dur qui, au lieu de s’effriter et coller aux gencives (formant de la plaque dentaire), va naturellement la nettoyer.
- En effet, le chien n'a pas le sens du froid, au niveau de ses papilles.
Voici quelques conseils pour bien utiliser la congélation dans l'alimentation de votre chien :
- Précaution concernant les légumes : pour congeler des légumes il faut généralement les blanchir au préalable en les plongeant 3 à 4 minutes dans de l'eau bouillante, puis en les rinçant à l'eau très froide. Avant cela, il est important de bien les laver (pour éliminer les microbes), mais il n'est pas nécessaire, la plupart du temps, de les éplucher.
- Faire des boulettes : vous pouvez ensuite mixer vos ingrédients ensemble (viande, légume, riz, poisson, épluchures, etc.), puis en faire des boulettes que vous disposerez sur une plaque (pour éviter qu'elles ne se collent). Une fois congelées, mettez-les dans un sac de congélation et sortez-les selon vos besoins.
- Faire des bâtonnets : des légumes entiers ou juste coupés à la dimension de la gueule du chien, blanchis et congelés seront des « os » parfaits qu'il se fera un plaisir de broyer. Mais également :
- Des poissons entiers, non vidés, de la bonne taille, donnés congelés à votre chien ne risqueront plus de le blesser, car les arêtes deviennent cassantes avec la congélation.
- Des dés de viande ou des lambeaux de taille adaptée et congelés seront des corps durs particulièrement appréciés.
- Os et cartilages : bien sûr, les os et cartilages, comme de la queue ou des oreilles de cochon, des ailes et carcasses de poulet, pourront être stockés au congélateur et donnés directement. Ces parties moins nobles sont également plus économiques.